Jonathan : Allez ! Le dernier album de Digital...
DC / Oui, justement. Nous voici encore en 1995, et vous
attaquez votre troisième album de l'année. Pour une équipe en
panne d'inspiration, c'est plutôt pas mal !
Timothy : Oh ! On n'était pas en panne d'inspiration. Je ne crois
pas qu'on peut dire ça.
Tim : Nous étions moins inspirés. Ou plutôt moins spontanés. Et
donc moins justes, à mon avis. Un peu brouillons, pleins d'envie
mais en recherche. Ce qui explique cette productivité relativement
intense.
DC / Vous en êtes conscients à ce moment-là ?
Jonathan : Je crois qu'on commence à s'en rendre compte. Mais
c'est comme si nous étions incapables de sortir de cette frénésie, à
la fois sonore et imaginaire... Et le projet Gunslinger est tout à fait
symptomatique de cet état d'esprit.
DC / De quelle manière ?
Jonathan : Eh bien, le plan d'origine comprenait... combien, Tim ?
45 titres ?
Tim : 54.
DC / 54 titres !
Jonathan : Oui, c'était assez irréaliste. Et plutôt bizarre, quand on
sait que le roman de Stephen King dont nous nous inspirions
comptait environ deux cents pages.
Tim : C'est quand même un roman assez dense, dans lequel il se
passe beaucoup de choses...
Jonathan : Oui, mais quand même !
Timothy : Le plus rigolo, c'est que quand on a commencé à
composer cet album, ce plan démentiel ne nous faisait pas peur du
tout. Ca nous excitait même plutôt...
Jonathan : Oui, on était à fond dedans. Et à fond dans cet univers
riche et étrange créé par King.
Tim : J'avais lu le roman pendant les vacances d'été. C'était ma
grande période Stephen King. Celui-ci était si singulier, si différent
de ses autres bouquins que j'en ai été enthousiasmé. J'en ai parlé
à Nathan à la rentrée...
Jonathan : Je l'ai lu, j'ai adoré moi aussi...
Timothy : Et moi, je les ai entendus en parler, ça m'a donné envie
de le lire aussi... et voilà !
Tim : Comment trouver un sujet d'album en toute unanimité
(sourires).
DC / Dites-nous en davantage sur ce livre. La Tour Sombre,
qu'est-ce que c'est ?
Tim : C'est un cycle de fantasy en sept tomes. A l'époque, il n'y
avait que trois tomes parus, et King rendait ses lecteurs fous
d'impatience en prenant tout son temps pour écrire la suite...
Jonathan : Dommage qu'il n'ait pas continué...
Tim : Oui, je vois ce que tu veux dire. (Pour les autres :) Au début
des années 2000, King a eu un grave accident de voiture, ou plutôt
de piéton. Il marchait au bord d'une route, près de chez lui, et un
camion l'a renversé. Il a failli y rester. Du coup, il a pris conscience
que n'importe quoi pouvait arriver, et l'idée de laisser la Tour
Sombre inachevée lui étant insupportable, il a écrit les trois tomes
qui lui restaient à ce moment-là à toute vitesse. La qualité s'en
ressent, les deux derniers volumes souffrent de vraies longueurs et
les passages bizzaroïdes sont nombreux. D'un autre côté, ça ne
ressemble à rien d'autre, et rien que pour ça, la Tour Sombre mérite
le coup d'oeil.
DC / Parlons maintenant de l'album...
Jonathan : Ah oui, tiens, puisqu'on est là pour ça (rires).
Thibaut : Excusez-le, Nathan a hâte que ça se termine.
Jonathan : C'est qu'on a déjà beaucoup parlé...
Tim : C'est vrai que pour un bavard comme toi, c'est une véritable
corvée (rires).
DC / Musicalement, The Gunslinger semble s'inscrire dans la
droite ligne de The Winds of Heaven. On retrouve la même
densité sonore, un certain goût pour de fortes reverbs...
Tim : Trop fortes, oui.