(c) Michael Whelan.
Timothy : C'est-à-dire que, par rapport au clavier précédent, cette 
possibilité d'ajouter des effets, dont de la reverb, représentait une 
nouveauté qui nous plaisait beaucoup...

Tim : Et qu'on avait du mal à gérer.

Jonathan : En même temps, les gars, à l'époque, si vous aviez pu 
en mettre encore plus, vous l'auriez fait, non ? (rires)

Timothy : Sûrement ! 

Tim : Le problème, c'est qu'on a poussé l'expérience encore plus 
loin que dans 
Winds, d'où des problèmes de saturation indéniables
sur plusieurs titres. Et sur certains, c'est vraiment dommage. 


Jonathan : 
On n'a pas vraiment assuré sur le mixage, c'est vrai. 

Timothy : Pour en revenir à la question, je trouve quand même que
Gunslinger se démarque de Winds d'un point de vue musical. On 
est plus dans un registre de musique illustrative, c'est moins 
abstrait, il y a des thèmes récurrents...

Tim : Je dirais même qu'il est plus abouti. Même s'il est inachevé.

DC / Justement, pourquoi cet album est-il inachevé ? Est-ce à 
cause du plan démentiel que vous avez évoqué tout à l'heure ?


Tim : C'est difficile à dire, mais on peut supposer qu'on aurait eu du
mal à aller au bout. Quand on voit que l'album en l'état définitif 
dure plus de 50 minutes et qu'on n'a terminé que 18 titres, soit un 
tiers du projet original...

Timothy : Moi je pense que si on avait eu le temps, on aurait pu le 
terminer. Je ne sais pas ce que cela aurait donné, mais...

Jonathan : De toute façon, la vraie raison qui explique l'arrêt de cet
album, c'est 
Cécilian

DC / L'album solo de Tim ?

Jonathan : Ou plus exactement le retour de Tim aux albums solo. 
En définitive, c'est comme cela que Digital s'est terminé. En 
douceur, de manière aussi évidente que logique.

Tim : J'ai commencé à travailler sur Cécilian en parallèle, en en 
abordant la composition de manière totalement opposée à ce que 
nous avions fait sur 
Winds et ce que continuions sur Gunslinger. Je
voulais un son et un style dépouillés au maximum, les plus simples 
et évidents possibles. Petit à petit, cette rigueur a pris le dessus, 
j'ai focalisé sur l'album 
Cécilian... et voilà. 

Timothy : On n'avançait plus sur Gunslinger, et je crois qu'on en 
était arrivé à un point où nous n'en avions plus très envie, en fait...

Jonathan : C'est possible, oui. Comme le disait Thibaut tout à 
l'heure lorsqu'il expliquait pourquoi il avait préféré arrêter après 
Génération 2, je pense qu'on n'avait plus rien à dire de neuf, que 
Digital avait fait son temps...

Thibaut : Et de la même manière que Tim nous avait initialement 
rassemblés autour de sa musique, c'était lui qui, repartant de son 
côté, mettait fin à l'aventure.

DC / Vous n'auriez pas pu continuer ensemble, sur les projets de
Tim ? Sur 
Cécilian, par exemple ?

Jonathan : Non, c'étaient des albums qui lui étaient trop 
personnels, nous n'avions pas le droit de nous imposer... ni l'envie. 
D'ailleurs, dans le cas contraire, je crois que Tim nous aurait fait 
comprendre qu'il préférait composer seul.

Tim : Probablement. Cécilian a été un tournant primordial dans 
mon parcours musical. Je n'ai plus jamais composé pareil ensuite. 
Disons que jusqu'à cet album, la musique était un jeu pour moi, et 
qu'à partir de 
Cécilian, le jeu est devenu un peu plus sérieux, parce
que plus profond, plus intime. 

DC / La dernière question - elle est inévitable, je m'en excuse 
par avance : l'aventure Digital est-elle totalement terminée ?


Johann : Tiens, on ne l'avait pas vu venir, celle-là (rires). Qui se 
dévoue pour répondre ?

Jonathan : Tim, forcément ! Puisque tout est de sa faute...

Tim : 
On réglera ça hors antenne, Nathan (rires). Bon, alors... 
L'évidence veut que je réponde : il ne faut jamais dire jamais. Mais 
du temps a passé, beaucoup de temps. Quoi qu'il arrive, si Digital 
devait se reformer, ce serait probablement sous forme de clin 
d'oeil, pour un projet bien spécifique... Mais j'ai le sentiment que ce 
n'est pas à l'ordre du jour, du moins dans l'immédiat. Cela ne se 
fera que si nous en avons envie, tous les cinq. 

DC / On en reparlera donc à ce moment-là... Merci à tous ! 

(Propos recueillis par DC en décembre 2007, à Paris.)
Jonathan : Allez ! Le dernier album de Digital...

DC / Oui, justement. Nous voici encore en 1995, et vous 
attaquez votre troisième album de l'année. Pour une équipe en 
panne d'inspiration, c'est plutôt pas mal ! 


Timothy : Oh ! On n'était pas en panne d'inspiration. Je ne crois 
pas qu'on peut dire ça.

Tim : Nous étions moins inspirés. Ou plutôt moins spontanés. Et 
donc moins justes, à mon avis. Un peu brouillons, pleins d'envie 
mais en recherche. Ce qui explique cette productivité relativement 
intense. 

DC / Vous en êtes conscients à ce moment-là ?

Jonathan : Je crois qu'on commence à s'en rendre compte. Mais 
c'est comme si nous étions incapables de sortir de cette frénésie, à 
la fois sonore et imaginaire... Et le projet 
Gunslinger est tout à fait 
symptomatique de cet état d'esprit. 

DC / De quelle manière ?

Jonathan : Eh bien, le plan d'origine comprenait... combien, Tim ? 
45 titres ?

Tim : 54.

DC / 54 titres !

Jonathan : Oui, c'était assez irréaliste. Et plutôt bizarre, quand on 
sait que le roman de Stephen King dont nous nous inspirions 
comptait environ deux cents pages.

Tim : C'est quand même un roman assez dense, dans lequel il se 
passe beaucoup de choses...

Jonathan : Oui, mais quand même !

Timothy : Le plus rigolo, c'est que quand on a commencé à 
composer cet album, ce plan démentiel ne nous faisait pas peur du 
tout. Ca nous excitait même plutôt...

Jonathan : Oui, on était à fond dedans. Et à fond dans cet univers 
riche et étrange créé par King.

Tim : J'avais lu le roman pendant les vacances d'été. C'était ma 
grande période Stephen King. Celui-ci était si singulier, si différent 
de ses autres bouquins que j'en ai été enthousiasmé. J'en ai parlé 
à Nathan à la rentrée...

Jonathan : Je l'ai lu, j'ai adoré moi aussi...

Timothy : Et moi, je les ai entendus en parler, ça m'a donné envie 
de le lire aussi... et voilà ! 

Tim : Comment trouver un sujet d'album en toute unanimité 
(sourires). 

DC / Dites-nous en davantage sur ce livre. La Tour Sombre
qu'est-ce que c'est ?


Tim : C'est un cycle de fantasy en sept tomes. A l'époque, il n'y 
avait que trois tomes parus, et King rendait ses lecteurs fous 
d'impatience en prenant tout son temps pour écrire la suite...

Jonathan : Dommage qu'il n'ait pas continué...

Tim : Oui, je vois ce que tu veux dire. (Pour les autres :) Au début 
des années 2000, King a eu un grave accident de voiture, ou plutôt
de piéton. Il marchait au bord d'une route, près de chez lui, et un 
camion l'a renversé. Il a failli y rester. Du coup, il a pris conscience 
que n'importe quoi pouvait arriver, et l'idée de laisser 
la Tour 
Sombre
 inachevée lui étant insupportable, il a écrit les trois tomes 
qui lui restaient à ce moment-là à toute vitesse. La qualité s'en 
ressent, les deux derniers volumes souffrent de vraies longueurs et
les passages bizzaroïdes sont nombreux. D'un autre côté, ça ne 
ressemble à rien d'autre, et rien que pour ça, 
la Tour Sombre mérite
le coup d'oeil.

DC / Parlons maintenant de l'album...

Jonathan : Ah oui, tiens, puisqu'on est là pour ça (rires).

Thibaut : Excusez-le, Nathan a hâte que ça se termine.

Jonathan : C'est qu'on a déjà beaucoup parlé...

Tim : C'est vrai que pour un bavard comme toi, c'est une véritable 
corvée (rires). 

DC / Musicalement, The Gunslinger semble s'inscrire dans la 
droite ligne de 
The Winds of Heaven. On retrouve la même 
densité sonore, un certain goût pour de fortes reverbs...


Tim : Trop fortes, oui. 
Les titres en vert sont disponibles à l'écoute.
Composé, interprété et produit par Tim Elliott, Jonathan Vernay et Timothy Gury 
Réalisé par Digital

Clavier : 
Yamaha PSR-510

Enregistrement original : 26 novembre 1995-7 janvier 1996
Durée totale : 51'53

D'après le roman de Stephen King, La Tour Sombre T.1 : Le Pistolero (The Dark Tower 1 : The 
Gunslinger
)
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SUR L'ALBUM
L'INTERVIEW DE DIGITAL 


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Main Theme
(T.Elliott/J.Vernay/Ti.Gury)
3.27
Tull
(T.Elliott/J.Vernay)
3.19
Sheb's
(T.Elliott/J.Vernay/Ti.Gury)
2.06

The Dead Grass-Eater Man
(J.Vernay)
2.43
The Dark Man's Miracle
(T.Elliott)
2.19

Preacher of Devil
(T.Elliott/J.Vernay/Ti.Gury)
3.17
Slaughter
(T.Elliott/J.Vernay/Ti.Gury)
4.14
Stars and Wind
(T.Elliott)
1.35
The Dead Way
(T.Elliott/Ti.Gury)
1.29


The Way Station
(J.Vernay)
2.18
Jake
(T.Elliott/Ti.Gury)
0.53
Hypnotism
(T.Elliott)
4.17
Jake's Remembrances
(T.Elliott/J.Vernay)
3.32
Cellar, Groaning and Jaw
(T.Elliott/J.Vernay/Ti.Gury)
3.11
Cuthbert
(T.Elliott/J.Vernay/Ti.Gury)
4.15
Hax's Betrayal
(T.Elliott/J.Vernay/Ti.Gury)
2.55
Like Father Like Son
(T.Elliott)
2.57
The Gallows Hill  
(T.Elliott/Ti.Gury)
2.57
The Gunslinger
Digital, 1996
Timian Prod.