DC / Nous voici trois mois à peine après Génération 2, et
pourtant tout semble avoir changé dans votre groupe. Que
s'est-il passé ?
Tim : C'est tout simplement, je crois, la continuation logique de ce
que avons évoqué précédemment. Nathan, Thibaut et moi avons
eu notre bac fin juin 1995, nous attaquons des études supérieures
qui vont nous accaparer, chacun de notre côté. A tel point que
Thibaut renonce à participer à Digital.
Thibaut : Les études étaient une raison importante. Mais j'avais
aussi le sentiment d'avoir tout dit musicalement. Si j'avais continué,
je me serais forcé juste pour faire plaisir aux autres et ça n'aurait
rien donné de bon.
Tim : Ce qui était une réflexion très sage.
DC / Vous ne lui en avez pas voulu ?
Tim : Bien sûr que non ! Nous étions un groupe d'amateurs, ou
plutôt des amis jouant ensemble. Nous n'étions liés par aucun
contrat, pas même moral ou je ne sais quoi ! Si l'un d'entre nous
n'avait plus envie de continuer, sa décision était tout à fait
respectable. Et c'était la même chose pour Johann, bien sûr, qui a
arrêté également, pour les raisons qu'il a déjà mentionnées.
DC / Mais vous avez tout de même conservé le nom de Digital.
Jonathan : Oui, parce que notre collaboration, même à trois,
s'inscrivait logiquement dans la continuité de ce que nous avions
déjà fait à cinq. Et Thibaut et Johann restaient attentifs à nos
projets, ils donnaient même leur avis régulièrement.
DC / D'où vient le titre de votre quatrième album : The Winds of
Heaven ?
Tim : De Shakespeare.
Jonathan : J'adore cette réponse. Ca fait classe. Tout de suite, on
a l'impression d'élever le débat (rires).
Tim : C'est extrait d'un vers de la Tempête, une pièce que j'étudiais
à ce moment-là. J'ai trouvé la formule magnifique, très évocatrice.
On avait déjà commencé à travailler sur l'album, un peu à l'aveugle,
je me suis dit que ça ferait un bon titre, je l'ai proposé à Timo et
Nathan qui l'ont accepté.
DC / En fait, vous avez composé cet album très rapidement...
Tim : En moins d'un mois, oui.
DC / Est-ce que cela signifie que vous aviez retrouvé
l'inspiration qui, selon vous, vous avait fait défaut pour
Génération 2 ?
Tim : Disons plutôt qu'on a trouvé une inspiration technique qui a
"réveillé" notre sens du jeu. Pendant l'été 1995, j'ai racheté à un
ami un synthé dont il se servait peu, le Yamaha PSR-510. Il avait
des sons très différents du PSS, plus réalistes, et aussi des
fonctionnalités que le précédent n'avait pas. La possibilité de créer
ses propres rythmiques et des séquences en boucle, par exemple.
Avec Timo et Nathan, on a commencé à s'amuser avec tout ça, des
mélodies sont venues, puis des titres entiers. Voilà comment est né
The Winds of Heaven. Sans projet précis, plutôt d'une manière
ludique et instinctive.
Jonathan : Ca explique également les approximations techniques
de l'album, notamment au moment de l'enregistrement.
Tim : Oui, là nous n'avons pas été très bons...
Jonathan : On a été emballé par la puissance du PSR. Et on en a
un peu abusé ! Ce qui a provoqué quelques saturations à
l'enregistrement, parce que nous n'avons pas réussi à mixer
convenablement lors du transfert du séquenceur à la cassette.
Timothy : Oui, ça "grogne" sur tous les titres qui dégagent un peu.
"Dawn" et "Twilight"...
Tim : "The Winds of Heaven" aussi.
DC / C'est un petit inconvénient technique, mais il est ponctuel
et ne gêne pas lors de l'écoute. Musicalement, comment
jugez-vous cet album ? Tiens, commençons par demander leur
avis à Johann et Thibaut, qui ne sont pas partie prenante...
Jonathan : Ouh là, lourde responsabilté, les amis...
Johann : On va s'en sortir, Nathan, ne t'inquiète pas (sourires).
Vas-y, Thibaut, commence, si tu veux.
Thibaut : J'aime bien le fait que Winds ait été fait de manière assez
libre. Je trouve que ça se sent à l'écoute. Vous vous êtes permis
des choses, musicalement, parce que vous n'aviez pas l'obligation
d'aller dans telle ou telle direction. Ce qui est le cas quand on
travaille par exemple sur une B.O.