Jonathan : Oui, c'est vrai, même sur Digital on n'avait pas ressenti 
une telle liberté. Du fait du contexte...

Johann : Ca y est, ça va encore être de ma faute (rires). 

Thibaut :
 Bon, à ton tour de donner ton avis, Johann. 

Johann : Moi, j'aime particulièrement les moments les plus 
énergiques. La deuxième partie de "Dawn", la première de 
"Downstream", "Twilight"... et surtout "The Winds of Heaven". Je 
ne dis pas ça pour faire plaisir au patron, mais c'est vrai, Tim, c'est 
un super morceau, celui-là.

Tim : Merci, Jo. 

DC / Il est vrai que le morceau qui donne son titre à l'album est 
particulièrement saisissant. Par sa durée d'abord, plus de onze 
minutes, et ensuite par le fait, Tim, que tu l'as simultanément 
composé, interprété et enregistré ! Tu peux nous raconter 
comment il t'est venu ?


Tim :
 J'avoue que je suis assez fier de celui-là. En fait, c'est un peu 
ma revanche contre "Digital III". Par sa puissance sonore et 
certaines de ses configurations techniques, le PSR m'a permis de 
réaliser ce titre en prise directe, sans coupe et en enregistrement 
simultané, avec un maximum d'épaisseur. J'ai commencé par jouer 
avec les sons, puis les premières mélodies sont venues. Assez vite,
j'ai... je ne sais pas comment dire. J'ai "senti" le plan du morceau. 
Je l'ai joué deux ou trois fois, histoire de combiner les différents 
éléments, d'enchaîner les parties musicales que j'avais en tête, de 
créer les rythmiques d'accompagnement et quelques pads de 
séquence à ajouter en temps réel. Dans la foulée, je me suis lancé,
j'ai enregistré et je l'ai eu du premier coup. Si j'avais dû le 
recommencer, je crois que je n'en serais jamais venu à bout... Mais 
bon, tout s'est bien passé, finalement. Et le morceau est bien là 
(sourire). 

DC / Cet album paraît plus abstrait que les précédents, d'ailleurs
vous avez insisté sur la liberté qui a été la vôtre dans son 
approche. Cet aspect ajouté au fait qu'il s'agit du premier projet 
réalisé avec le PSR-510, diriez-vous qu'il s'agit d'un album 
expérimental ?


Tim :
 C'est une idée que j'aime bien et que j'ai toujours défendue, 
mais mes petits camarades ne sont pas d'accord...


Jonathan :
 Techniquement, si. Winds est un album expérimental 
parce que nous y avons expérimenté les nouvelles capacités du 
PSR. Mais musicalement, nous avons tout de même tenté de 
raconter quelque chose, il me semble. 

Timothy : On n'a pas choisi les titres des morceaux par hasard...

Jonathan : Même si certains paraissent plus judicieux que d'autres.

Timothy : On va de "Dawn" à "Twilight" - de l'aube au crépuscule, 
de la lumière à l'ombre. 

Tim : Un peu comme dans l'album de Vangelis, The City

Timothy : Album que nous ne connaissions pas à l'époque.

Tim : Heureusement, sinon nous n'aurions aucune excuse (rires).

Timothy : Métaphoriquement, c'est le trajet d'une vie, de la 
naissance à la mort. Entre les deux, il y a des choses mystérieuses,
ce qu'on appelle le destin, ou la chance, ou l'inspiration, tout ce qui 
donne du sens à l'existence. Voilà, c'est un peu ce qu'on a voulu 
raconter.

DC / Du coup, si on regarde les titres, on a l'impression que c'est
un album assez sombre. "The Last Judgement", "Lost in the 
Dark" - qui est un morceau très mélancolique, d'ailleurs...


Tim :
 C'est bien ce que je disais. Il faut éviter de trop théoriser : 
c'est un album expérimental, voilà tout (rires). Sérieusement, Timo, 
on a surtout pensé à s'amuser, à tenter de nouvelles choses ; et 
ensuite seulement, on a essayé de donner une cohérence 
d'ensemble. Tu ne crois pas ?

Jonathan : Te laisse pas influencer, Timo, dis ce que tu penses 
(rires).

Timothy : Je pense... que Tim a raison aussi (rires). 

DC / Autre chose à dire sur The Winds of Heaven ?

(Ils se consultent du regard. Rires.)

Jonathan : Je crois bien que non. 

DC / Alors, passons à la suite...
DC / Nous voici trois mois à peine après Génération 2, et 
pourtant tout semble avoir changé dans votre groupe. Que 
s'est-il passé ?


Tim : C'est tout simplement, je crois, la continuation logique de ce 
que avons évoqué précédemment. Nathan, Thibaut et moi avons 
eu notre bac fin juin 1995, nous attaquons des études supérieures 
qui vont nous accaparer, chacun de notre côté. A tel point que 
Thibaut renonce à participer à Digital.

Thibaut : Les études étaient une raison importante. Mais j'avais 
aussi le sentiment d'avoir tout dit musicalement. Si j'avais continué,
je me serais forcé juste pour faire plaisir aux autres et ça n'aurait 
rien donné de bon.

Tim : Ce qui était une réflexion très sage.

DC / Vous ne lui en avez pas voulu ?

Tim : Bien sûr que non ! Nous étions un groupe d'amateurs, ou 
plutôt des amis jouant ensemble. Nous n'étions liés par aucun 
contrat, pas même moral ou je ne sais quoi ! Si l'un d'entre nous 
n'avait plus envie de continuer, sa décision était tout à fait 
respectable. Et c'était la même chose pour Johann, bien sûr, qui a 
arrêté également, pour les raisons qu'il a déjà mentionnées.

DC / Mais vous avez tout de même conservé le nom de Digital.

Jonathan : Oui, parce que notre collaboration, même à trois, 
s'inscrivait logiquement dans la continuité de ce que nous avions 
déjà fait à cinq. Et Thibaut et Johann restaient attentifs à nos 
projets, ils donnaient même leur avis régulièrement. 


DC / D'où vient le titre de votre quatrième album : The Winds of
Heaven
 ?

Tim : De Shakespeare.

Jonathan : J'adore cette réponse. Ca fait classe. Tout de suite, on 
a l'impression d'élever le débat (rires). 

Tim : C'est extrait d'un vers de la Tempête, une pièce que j'étudiais 
à ce moment-là. J'ai trouvé la formule magnifique, très évocatrice. 
On avait déjà commencé à travailler sur l'album, un peu à l'aveugle,
je me suis dit que ça ferait un bon titre, je l'ai proposé à Timo et 
Nathan qui l'ont accepté.

DC / En fait, vous avez composé cet album très rapidement...

Tim : En moins d'un mois, oui.

DC / Est-ce que cela signifie que vous aviez retrouvé 
l'inspiration qui, selon vous, vous avait fait défaut pour 
Génération 2 ?

Tim : Disons plutôt qu'on a trouvé une inspiration technique qui a 
"réveillé" notre sens du jeu. Pendant l'été 1995, j'ai racheté à un 
ami un synthé dont il se servait peu, le Yamaha PSR-510. Il avait 
des sons très différents du PSS, plus réalistes, et aussi des 
fonctionnalités que le précédent n'avait pas. La possibilité de créer 
ses propres rythmiques et des séquences en boucle, par exemple. 
Avec Timo et Nathan, on a commencé à s'amuser avec tout ça, des 
mélodies sont venues, puis des titres entiers. Voilà comment est né
The Winds of Heaven. Sans projet précis, plutôt d'une manière 
ludique et instinctive.

Jonathan : Ca explique également les approximations techniques 
de l'album, notamment au moment de l'enregistrement.

Tim : Oui, là nous n'avons pas été très bons...

Jonathan : On a été emballé par la puissance du PSR. Et on en a 
un peu abusé ! Ce qui a provoqué quelques saturations à 
l'enregistrement, parce que nous n'avons pas réussi à mixer 
convenablement lors du transfert du séquenceur à la cassette. 

Timothy : Oui, ça "grogne" sur tous les titres qui dégagent un peu.
"Dawn" et "Twilight"...

Tim : "The Winds of Heaven" aussi. 

DC / C'est un petit inconvénient technique, mais il est ponctuel 
et ne gêne pas lors de l'écoute. Musicalement, comment 
jugez-vous cet album ? Tiens, commençons par demander leur 
avis à Johann et Thibaut, qui ne sont pas partie prenante...


Jonathan : Ouh là, lourde responsabilté, les amis...

Johann : On va s'en sortir, Nathan, ne t'inquiète pas (sourires). 
Vas-y, Thibaut, commence, si tu veux.

Thibaut : J'aime bien le fait que Winds ait été fait de manière assez
libre. Je trouve que ça se sent à l'écoute. Vous vous êtes permis 
des choses, musicalement, parce que vous n'aviez pas l'obligation 
d'aller dans telle ou telle direction. Ce qui est le cas quand on 
travaille par exemple sur une B.O. 
Les titres en vert sont disponibles à l'écoute.
Composé, interprété et produit par Tim Elliott, Jonathan Vernay et Timothy Gury 
Réalisé par Digital

Clavier : 
Yamaha PSR-510

Enregistrement original : 3-25 septembre 1995
Durée totale : 43'36
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SUR L'ALBUM
L'INTERVIEW DE DIGITAL 


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6


7








Dawn
(T.Elliott/J.Vernay/Ti.Gury)
7.50
Melody of Hearts
(T.Elliott)
4.39
Downstream
(T.Elliott/J.Vernay/Ti.Gury)
3.53
The Winds of Heaven
(T.Elliott)
11.11
The Last Judgement
(Jonathan Vernay)
6.59

Lost in the Dark
(Ti.Gury)
3.58
Twilight
(T.Elliott/J.Vernay/Ti.Gury)
4.48




The Winds of Heaven
Digital, 1995
Timian Prod.