DC / D'autres anecdotes sur l'album ?

Tim : 
Il y en a pas mal, je crois. C'est assez intéressant de faire la 
genèse des morceaux. Comme je le disais tout à l'heure, c'est 
souvent parti de pas grand-chose.

Thibaut : Pour "Sauvage", je me souviens que Tim a commencé à 
jouer l'accompagnement de guitare répétitif. C'était en référence à 
une chanson d'Alain Souchon, je crois.

Tim : Exact !

Jonathan : "Foule sentimentale". C'était l'un des tubes de l'année 
1993. Et l'album tout entier de Souchon était génial. Moi, je me 
rappelle le mal qu'on a eu à cacher à Johann le morceau qu'on 
faisait pour lui en cachette. 

Thibaut : Oh là là ! C'est vrai.

Jonathan : Il avait le chic pour débarquer quand il ne fallait pas. En 
plein enregistrement d'une nouvelle piste, par exemple. Il fallait 
tout arrêter et recommencer plus tard. Et en général, quand on 
reprenait, on avait oublié la bonne idée précédente et on trouvait 
que ce qui nous venait à la place était beaucoup moins bien.

Tim : Il avait cette espèce de sixième sens, là... pour nous 
empêcher d'être gentil avec lui...

Timothy : Je n'ai jamais autant détesté avoir mon petit frère dans 
les pattes qu'à ce moment-là ! (rires)

DC / Et "Bleu", le morceau final ?

Jonathan : Je ne me souviens plus trop... C'était encore une idée 
de Timothy, non ?

Tim : Je crois. Pourquoi "Bleu", au fait, Timo ?

Timothy : Euh... je sais plus. (rires) Ca devait être ma couleur 
préférée à ce moment-là. 


Jonathan : 
Ou alors il nous manquait un titre. (rires)

DC / A part ça, des regrets sur ce premier album de Digital ?

(Ils se regardent en souriant.)

Tim : J'imagine que oui, forcément. J'en ai pour chacun de mes 
albums solos, donc... 

Johann : Tous ?

Tim : A part le Retour, peut-être. Et The Sixth Sense est bon aussi. 
Dans 
Petit Prince... bon, eh bien, l'interprétation n'est pas toujours
top, on allait un peu vite.

Thibaut : Pas très perfectionnistes, c'est vrai. 

Jonathan : On faisait avec le matériel qu'on avait. C'est-à-dire le 
minimum syndical. Moi, je regrette un peu "les Vieux".

Tim : Un peu trop répétitif. 

Jonathan : Oui. Et puis, la mélodie... Bon, enfin, ce n'est pas une 
catastrophe. Rien n'est catastrophique dans cet album.

Thibaut : Hem, si. "Petit Loup". 

(Les quatre autres se récrient tous en même temps.)

Tim : T'es dur. Il est sympa, ce morceau.

Thibaut : Le morceau, oui. Mais le titre... un peu idiot, non ?

Jonathan : Mouais. Rien de catastrophique, je disais... (rires)

DC / Quel est votre titre préféré, à chacun ?

Tim : Ah ! La question qui tue...

Jonathan : ... et qui peut fâcher des amis de vingt-cinq ans.

Tim : T'as quelque chose à me dire, Nathan ? (rires)

Jonathan : Moi ? Heu, hem, non-non... (rires)

Timothy : Bon, puisqu'il faut que quelqu'un se dévoue pour 
répondre un peu sérieusement...

Johann (taquin) : Ah, Timo, toujours aussi sage !

Thibaut : Ca non plus, ça n'a pas changé. Pendant les séances de 
composition ou d'enregistrement, c'était souvent Timothy qui 
intervenait pour nous remettre dans le droit chemin. 

Timothy : ... donc, mon morceau préféré, c'est "Johann". Parce que,
quoi qu'il dise pour m'embêter, mon petit frère préféré est tout 
entier dans cette musique.

Johann (touché) : Ca, c'est gentil.

Timothy : Je veux. Tu m'en dois une. (rires)

DC / Les autres ?

Tim : Pour moi, c'est "Le Fils du Requin", évidemment.

Thibaut : "Twins". Quelle pêche, ce morceau !

Tim : Les riffs sont de Johann.

Johann : Merci, chef. (rires) Bon, alors moi, c'est pas difficile de 
deviner... 

Jonathan : Evidemment. T'avais pas intérêt à dire autre chose. 
(rires) Et donc je termine : "Petit Prince". L'un de plus beaux 
thèmes composés par Tim à mon avis. 

DC / Pour terminer, j'aimerais bien, Tim, que tu nous dises 
quelques mots sur les cinq reprises qui apparaissent en bonus 
sur l'édition CD. Tu as réenregistré l'album en 1999, c'est ça ?


Tim : Pas l'album en entier, seulement ces cinq titres. Je voulais 
voir ce que donnaient ces morceaux avec un plus gros son, celui du
PSR-510, et aussi des batteries pré-programmées, plus "carrées". 
Au départ, j'avais effectivement l'intention de refaire l'album en 
entier, mais j'ai laissé tomber en cours de route. Cela dit, je pense 
encore aujourd'hui que 
Petit Prince pourrait valoir quelque chose 
en version acoustique. Un morceau comme "Sauvage", par 
exemple, proprement réorchestré, joué avec de vrais guitares, ça 
pourrait donner quelque chose. Mais ce n'est qu'une vague idée. 
De toute manière, je ne sais pas jouer de la guitare...

Jonathan : Bon, c'est pas tout ça, mais on a encore quatre albums 
à voir ! 

Thibaut : Ouais, on a déjà beaucoup bavardé, hein ? (...)
DC / Qui est à l'origine de l'album ?

Thibaut : C'est Tim (Elliott). Ce qui était logique, puisque c'était lui 
qui avait véritablement commencé un travail de composition, il avait
déjà trois albums complets derrière lui. Nous autres, on avait une 
formation plus basique, scolaire. Chez les Gury, c'était solfège et 
conservatoire pour tout le monde ! (rires)

Timothy : pas Johann, à ce moment-là.

Johann : Non. Je n'avais pas encore commencé les cours au 
conservatoire quand on a fait 
Petit Prince.

Thibaut : Mais tu jouais déjà depuis longtemps sur le piano à la 
maison. Enfin, tu jouais... Tu nous cassais les pieds, surtout au 
début. Quand tu avais six ans et que tu ne jouais que sur les 
touches noires...

Johann : C'est sympa de se sentir soutenu dans ses élans créatifs 
par son frère (rires).

Thibaut : Bref... C'était quoi, la question, déjà ? (rires) Ah oui ! 
L'origine de l'album. Donc, Tim venait de terminer 
Jurassic Park, et 
on avait un peu tous participé à l'enregistrement. C'était juste 
comme ça, pour rigoler... C'étaient les vacances, on s'amusait. Mais 
apparemment ça a donné des idées à Tim. 

DC / Tim, quelle est ta version de l'histoire ?

Tim : Je plaide coupable, votre Honneur (rires). Jurassic Park avait 
été un "gros machin", lourd à composer et à enregistrer, très riche. 
J'ai eu envie de quelque chose de plus simple, un petit album léger 
et sympathique. Et ça m'avait bien plu de mettre 
Jurassic Park en 
boîte avec la petite bande (sourire général). Les deux schtroumpfs 
en particulier m'avaient bluffé. Johann avait à peine onze ans, et 
Timo...?

Timothy : J'avais douze ans et demi.

Johann : Mais tu en paraissais dix. J'étais presque aussi grand que 
toi !

Thibaut : Et c'était un sujet de dispute permanent à la maison, 
comme aujourd'hui (rires). 

DC / Pourquoi ce titre : Petit Prince ?

Tim : Eh bien, comme je l'ai dit, je voulais m'engager dans un 
projet plus léger. Le thème de l'enfance s'imposait logiquement, et 
le Petit Prince de Saint-Exupéry en est évidemment l'une des plus 
belles déclinaisons. En plus, il y avait ce pari d'impliquer nos deux 
mômes dans l'aventure, c'était de toute façon un album marqué par
l'idée d'enfance. Même si je ne m'attendais pas, honnêtement, à ce
qu'ils soient tous les deux aussi impliqués et aussi brillants. Le 
projet les amusait, ils étaient contents de faire quelque chose 
d'original avec les "grands", mais je pensais qu'ils s'en tiendraient 
à quelques ajouts par-ci par-là dans les morceaux. Pas à ce qu'ils 
se révèlent aussi inventifs. C'étaient - et ce sont encore, bien sûr - 
de sacrés bons musiciens. 

Jonathan : Pour autant, ce n 'est pas un album qui illustre l'histoire 
du roman de Saint-Ex. 

Tim : C'est vrai. Ca n'a même jamais été le cas du tout. C'est juste 
une sorte de patronage intellectuel. 

DC / Concrètement, comment s'est passée la composition de cet 
album ?

Tim : Assez simplement, en fait. 

Jonathan : Ouais. Le soir à la fin des cours, ou le week-end, quand 
on n'avait pas trop de devoirs (rires). 

Tim : C'est assez bien résumé. On n'avait pas de plan précis, ni 
décidé qui composerait quoi, combien il y aurait de participations 
pour chacun, est-ce qu'on écrirait tous les morceaux ensemble... Ca
s'est fait petit à petit, au fur et à mesure, à partir de l'idée de 
départ, le projet "Petit Prince". J'ai composé seul le titre 
d'ouverture, histoire de donner le ton. Le reste est une addition 
d'idées collectives, lancées avec un véritable enthousiasme. 

Thibaut : Oui, on avait vraiment le sentiment de former un groupe, 
c'était marrant. On n'avait même pas à y réfléchir. Ca marchait, 
c'est tout. 

Tim : Au départ, il y avait souvent juste une idée. Un petit truc 
musical, un thème, quelque chose comme ça. Tout se passait chez 
moi, puisque j'étais le seul à l'époque à posséder un clavier. Parfois
l'un de mes petits camarades débarquait en disant : "tiens, au 
piano, j'ai fait ça", on essayait de transcrire, de chercher des 
sons... Des fois ça donnait quelque chose, d'autres fois non. Le 
plus souvent on était ensemble à la maison, quelqu'un bidouillait 
sur le clavier, et un truc sympa sortait.

Jonathan : Tu te souviens du jour où Timo nous a envoyé "Le Fils 
du Requin" ? 

Tim : Tu parles. La claque !

(Sourire gêné de Timothy.)

DC / Racontez-nous.

Tim : 
Vas-y, Nathan.

Jonathan : J'étais chez Tim depuis un moment, on bavardait. Timo 
est arrivé, il a discuté quelques minutes, et puis il s'est installé au 
synthé. A sa manière, discrètement. Et il a commencé à... 

(Silence hésitant, Jonathan interroge Tim du regard.)

Tim : Timo était un gosse incroyable. (A Timothy.) Désolé de parler 
de toi comme ça, mais c'est pour l'interview, tu comprends, on n'a 
pas le choix. (rires) Donc, Timo était ce petit gamin qui ne parlait 
pas beaucoup, d'une gentillesse pas possible, et d'une telle 
sensibilité... Nous étions allés voir ce film ensemble, avec Nathan 
d'ailleurs. 
Le Fils du Requin, d'Agnès Merlet.

Jonathan : Un sacré film. Très beau. Très dur. Ca t'avait secoué, 
Timo. T'avais pas dit un mot pendant un bon moment quand on est 
sorti de la salle. 

(Timothy acquiesce en silence.)

Tim : En fait, on n'a pas reparlé du film avec Timo après ça. 
Jusqu'au jour où il a composé ce morceau invraisemblable. Comme 
ça, d'une seule traite. Ca lui a pris, quoi... trois heures ? 

Jonathan : Ouais, sans s'arrêter une seule fois. Il a commencé, et 
c'était comme si tout le morceau était déjà dans sa tête. Pas 
simple, pourtant, et long, ce titre ! Nous, au début, on continuait à 
discuter, tranquille, on laissait le gamin s'amuser...

Tim : ... et puis on a commencé à écouter. C'était...

(Silence éloquent. Timothy est écarlate. Les autres sourient.)

Jonathan : Trois heures... Petit con, va. 

(Eclat de rire général.)
Les titres en vert sont disponibles à l'écoute.
Composé et interprété par Tim Elliott, Thibaut Gury, Jonathan Vernay, Timothy Gury et Johann Gury
Réalisé et produit par Tim Elliott

Claviers : 
Yamaha PSS-795, Yamaha PSR-510

Enregistrement original : 26-27 juillet 1994
Enregistrement de la deuxième version (Petit Prince 94-99) : juillet 1999
Remix : Tim Elliott sauf * : Tim Elliott et Johann Gury

Durée totale : 59'45
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SUR L'ALBUM
L'INTERVIEW DE DIGITAL 
FICHE TECHNIQUE


1



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15



Petit Prince
(T.Elliott)
3.47
Sauvage
(T.Elliott / Th.Gury / J.Vernay)
3.51
Les Vieux
(T.Elliott / Ti.Gury / J.Vernay)
3.51
Little Song
(T.Elliott / Th. Gury)
2.18
Johann
(T.Elliott/Th.Gury/J.Vernay/Ti.Gury)
3.45

Twins
(T.Elliott / J.Gury)
3.10
Le Fils du Requin
(Ti.Gury)
6.53
Petit Loup
(Th.Gury / J.Gury)
3.16
Boy
(T.Elliott/Th.Gury/Ti.Gury/J.Gury)
5.16
Bleu
(T.Elliott / Ti.Gury / J.Vernay)
4.54

Bonus Tracks version 1999

Johann
2.51
Twins *
3.25
Sauvage
3.45
Petit Loup
3.13
Bleu
3.15


Petit Prince
Digital, 1994
Timian Prod.